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B comme Bagan

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janvier 2020

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Bonne et heureuse année 2020 avec Spark Bagan !

Pour agrémenter la sortie prochaine de notre édition 2020 de Spark Archives, nous vous proposons un article du Professeur Michel HUGUIER que nous remercions pour son clin d’œil. Il a visité le site de Bagan et nous fait part de son témoignage. 

Jadis Bagan s’appelait Pagan, comme Myanmar se nommait la Birmanie dont la capitale   Yangon… était Rangoun.

Par la main des hommes, Bagan est un site fabuleux. En effet, ce n’est pas par sa situation dans une plaine sablonneuse sur les bords du grand fleuve birman l’Irrawaddy dominé sur l’autre rive par une chaine de montagnes peu élevée. Ce n’est pas non plus par sa végétation faite de quelques grands arbres dispersés qui s’élèvent, un peu insolites dans cette plaine. De plus, la mousson, comme dans tout ce sud-ouest asiatique détrempe le terrain de juin à octobre. Après quelques mois de chaleur soutenable, dès février la chaleur devient accablante. Enfin, les séismes y sont fréquents. Celui d’août 2016 a détruit une partie de ce qui faisait de Bagan un site fabuleux, mais qui a été heureusement rénové par l’UNESCO.

Si Bagan est un site fabuleux, c’est parce que c’est une petite zone du monde dans laquelle on trouve le plus de temples bouddhiques anciens. Leurs dômes, leurs flèches dominent les grands arbres dans une alternance exceptionnelle. Quand vient l’aurore ils émergent des halos de brume qui monte du sol ou, quand tombe le soir, ils s’illuminent des derniers rayons du soleil couchant.

Le plus de temples avons-nous dit : ne sont-ils pas 2 000 sur environ 40 km² ? Temples érigés par les Birmans entre le XIème et le XIIIème siècle avec le seul matériau de construction disponible, la brique. Cette période de l’expansion du pouvoir birman s’est faite aux dépends de la civilisation Môn, repoussée plus au sud dans la région de Pégoud. Ce bouddhisme birman est dérivé du bouddhisme initial, le bouddhisme du petit véhicule, l’Hinayana. Les spécialistes le dénomment bouddhisme theravāda. Qu’importe…

Ces temples sont tantôt pleins : stupas que les bouddhistes vénèrent en en faisant le tour, « la circumambulation ».  Tantôt les plus grands ménagent en leur sein une pièce de prière dont les parois ont alors ornées de fresques représentant la vie du Bouddha ou des épisodes de ses vies antérieures, les Jātakas. Les plafonds, quant à eux, sont souvent décorés de fleurs de lotus. Sur les façades extérieures des temples ce sont surtout les redans verticaux des façades et les tympans polylobés des ouvertures, portes ou fenêtres qui frappent le visiteur. Les experts vous expliqueront que les premiers temples manifestent des influences indiennes et môns avant que domine un style proprement birman.

Mais au XIIIème siècle, le royaume birman a subi les invasions chinoises, alors dominée par les Mongols, ce qui mit fin à la construction de nouveaux temples dans la région de Bagan.  Aujourd’hui, l’invasion de touristes est bien compréhensible. Mais ne devraient-ils pas se laisser aller plus longtemps à la contemplation d’une charrette qui arrive, tirée par un ou deux bœufs ou bien, à la méditation que suggèrent ces monuments élevés par l’homme à la gloire du Bouddha.   

Photos d’aquarelles :

  1. Bagan, vue d’ensemble avec un peu de brume.
  2. Temple de Seinnyet Nyama. Stūpa birman à redents entre la base et la superstructure. 
  3. Temple de Sulamani datant de 1183. 
Bagan, vue d'ensemble avec un peu de brume - Dessin Michel Huguier
2.	Temple de Seinnyet Nyama
3.	Temple de Sulamani datant de 1183 - Dessin Michel Huguier

Michel HUGUIER

Professeur honoraire de chirurgie digestive
Secrétaire de la commission Financement des dépenses de santé
Assurance maladie à l’Académie nationale de Médecine