La mémoire au service de l’Outdoor
C’est par le plus grand hasard que je suis tombé sur la revue « les others ».
La quatrième de couverture indique “Partir à l’aventure pour se reconnecter à la nature. C’est le projet d’une communauté de photographes, auteurs, rêveurs, illustrateurs, explorateurs et partenaires qui définissent ensemble les contours d’une nouvelle aventure : plus créative, plus responsable, plus accessible”. C’est tout un programme et, ma foi, je vous le conseille vivement !
Je pars donc pour l’aventure et au détour des pages, je découvre le projet « Outdoor Recreation Archive ». Je suis tout de suite interpellé. La question de la mémoire et archives résonne immédiatement en moi.
L’article commence par “Il fut un temps, pas si lointain, où le camping, le ski et la randonnée n’étaient pas des loisirs mais des nécessités”. C’est un fait établi que l’on oublie évidemment, comme tant d’autres choses, mais qu’il est important de rappeler. Et de continuer en indiquant que finalement l’outdoor s’est depuis démocratisé mais également positionné au “centre d’enjeux commerciaux, environnementaux et sociétaux importants”. On ne pourrait plus être en phase avec l’actualité et le don octroyé par Yvon Chouinard de Patagonia à un trust chargé de reverser ses profits à des associations de défense de l’environnement. Ce dernier ouvre sa lettre par un slogan choc : »la Terre est notre unique actionnaire », il souhaite « transformer le monde des Affaires ».
On lit ensuite “Si l’histoire de l’outdoor est encore peu étudiée, les passionnés qui remontent le temps et travaillent à la sauvegarde de cet héritage sont de plus en plus nombreux. Dans les instituts de recherche, les marchés aux puces ou au fond des greniers particuliers, ils fouillent et collectent les traces des premiers acteurs du secteur. Les marques, elles, consacrent également de plus en plus de moyens à la création d’archives interne conscientes de la valeur symbolique mais aussi marchande de leur propre patrimoine – le vintage et la nostalgie ont plus que jamais le vent en poupe”.
C’est donc sous ces auspices qu’est né, en 2019, au sein de l’Université d’Etat de l’Utah, le projet de conserver les Archives des loisirs Outdoor, sous la houlette de Chase Anderson et Clint Pumphrey.
Ces deux universitaires se sont attelés dans un premier temps à retrouver ses fameux catalogues outdoor. Et cela n’a pas été une mince affaire, vu qu’ils n’avaient pas forcément été créés pour durer et être conservés au-delà d’une consommation saisonnière. Ses catalogues sont donc des oiseaux rares. Aussi c’est par le chinage, les vendeurs de livres spécialisés mais également Ebay, éternels pourvoyeurs de curiosités mais aussi grâce à la diffusion du projet auquel certaines marques ont choisi de contribuer via des dons, qu’un fonds a pu se constituer.
Aujourd’hui c’est plus de 3600 catalogues publiés par plus de 700 entreprises qui sont conservés en tant qu’archives ! Mais le projet ne s’arrête pas là : ils ont commencé à élargir le spectre en collectant, par exemple, de vieux magazines Outdoor devenus “mythiques” comme Summit, Backpacker ou Climbing. Le projet se circonscrit pour l’instant aux équipements liés au camping, à la randonnée, à l’escalade, aux sports d’hiver et aux sports nautiques.
Ce projet est quelque part emblématique de la constitution d’un fonds d’archives avec l’ensemble des processus qui vont avec la mise en place de ce type de projet. Ces fonds sont gérés comme de véritables Trésors Nationaux : processus de rangement « militaire » des archives, interdiction de présence de nourriture, entrée soumise à restriction, manipulation des archives à l’aide de gants, etc. »
On retrouve aussi la volonté de diffusion qui est le propre des archives patrimoniales avec la numérisation d’une partie de la collection pour que celle-ci soit accessible au plus grand nombre, sans que l’on soit obligé de se rendre sur place. Pour l’instant, vu l’ampleur du travail, l’Université d’Etat de l’Utah s’est limité aux seules couvertures ce qui donne toutefois un bel aperçu des richesses du fonds et permet via Instagram de toucher un public assez large.
Tout cela pour vous dire d’aller voir ce projet et de vous en inspirer !
On lira également avec intérêt l’interview de Dave J. Moore l’archiviste de Carhartt qui retrace succinctement la genèse des archives de la marque éponyme. C’est en s’approchant de son 125ème anniversaire en 2014 que les archivistes ont fait leur entrée dans cette belle maison et la mission ponctuelle d’alors s’est transformée en travail à plein temps… avec des archives qui remontent maintenant à 1880 et un espace dédié depuis l’été 2021.
Il est également intéressant de voir les interactions entre les archives et l’activité contemporaine de la marque : “Les archives sont des sources de connaissance et d’inspiration. Nos designers ont déjà créé des produits en reprenant des motifs utilisés par le passé, comme notre treillis il y a quelques années. On peut aussi ressortir des collections en hommage à des pièces iconiques. C’est passionnant de voir ces éléments du passé être revisités avec des matériaux contemporains. L’équipe marketing utilise également les archives pour la réutilisation de logos, de typographies ou de photos (…)« . Il faut également envisager que l’histoire que véhicule certains vêtements sur les personnes crée une certaine intimité : “Beaucoup de nos consommateurs développent un lien particulier avec leurs vêtements Carhartt. Ces vêtements les protègent pendant qu’ils exercent certains métiers particulièrement difficiles, pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. Lorsqu’ils arrivent en fin de vie, ils ont du mal à les abandonner au fond d’une poubelle”.
Cerise sur le gâteau, en écho au projet Outdoor Recreation Archive, partez à la découverte du travail du photographe Brian Kelley sur sa collection de brochures de parcs nationaux qui est devenue une archive à part entière. On ne manquera pas non plus d’être séduit par son projet Gathering Growth qui consiste en un voyage à travers tous les Etats-Unis pour prendre des photographies des arbres géants, ses colosses fragiles qui font partie de notre mémoire à tous.
Conserver le goût de l’évasion, la fascination pour les grands espaces, voilà un sacré défi pour un archiviste ! Les archives patrimoniales, historiques et définitives peuvent prendre des formes des plus inattendues ! C’est pour permettre à de telles aventures de pouvoir se réaliser et d’être partagées que Spark Archives a placé au cœur de ses préoccupations et de ses investissements la question de la gestion des archives patrimoniales.
En effet, la nouvelle version de l’application (Delphes) vous permet dorénavant de décrire les archives dans le respect de la norme ISAD-G, de produire un Instrument de recherche au format PDF et au format XML selon les attendus de la DTD EAD. En résumé, de conserver et de partager de la façon la plus maîtrisée possible vos « trésors ».
Qu’il s’agisse de documents papier, numériques et/ou électroniques, l’ensemble du processus de description des archives historiques est disponible en standard dans cette nouvelle version. Fidèle à la philosophie de Spark Archives, la description des archives s’y effectue de manière simple et conviviale et vous offre la possibilité de démocratiser l’accès et d’ouvrir le monde de vos archives au plus grand nombre.
Alors, est-ce que l’aventure vous tente ? Et si on s’évadait un peu ?
Herwann Perrin
Responsable Produit Spark Archives
Quelques liens :
Les others : https://www.lesothers.com/
Le n° 15 de les others : https://fr.store.lesothers.com/products/volume-15
Outdoor Recreation Archive : https://linktr.ee/outdoorrecarchive
Outdoor Recreation Archive Instagram : https://www.instagram.com/p/Ch92NlhA8zJ/?hl=en
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